Pendant des années, j’ai couru après ce que l’on attendait de moi.
Mes relations amoureuses, mes amitiés, ma carrière.
Tout devait s’aligner parfaitement.
Cependant, la vie a déjoué mes attentes.
Dans les prochains jours, mes e-mails exploreront ce que deux années de thérapie m’ont appris.
La société nous vend un scénario tout préparé.
À trente ans, je devrais avoir trouvé un travail stable, emménagé avec une partenaire, avoir fait mon premier enfant.
Roméo et Juliette, archétype de l’amour passionnel, érige la souffrance en vertu.
Une tragédie qui imprime dans nos esprits que souffrir par amour est non seulement normal, mais nécessaire.
Il y a deux ans, je me suis retrouvé dans un groupe de parole pour personnes ayant vécu des relations toxiques.
Ce qui m’a frappé, c’était la tranche d’âge.
Quarante, cinquante, soixante ans…
Des vies entières passées à répéter les mêmes schémas, des décennies perdues dans des relations où l’amour se confondait avec la dépendance.
Des personnes différentes aux histoires similaires.
Elles avaient suivi le modèle de la relation longue mais insatisfaisante.
Du bébé au chantage au suicide, utilisés comme des moyens désespérés pour sauver un couple à l’agonie ; des adultes en insécurité émotionnelle, cherchant coûte que coûte à combler via leur partenaire, les carences affectives de leur enfance…
Au milieu de ces récits bouleversants, ma présence détonnait.
À vingt-huit ans, j’étais parmi les plus jeunes.
La société créé une pression invisible et constante.
Une sensation d’anormalité qui s’installe quand, à trente ans, on n’a pas encore trouvé quelqu’un.
Les relations que nous poursuivons révèlent plus souvent nos blessures que nos désirs.
J’ai compris à travers ces deux années, que je ne cherchais pas tant une partenaire idéale, qu’une façon de guérir des plaies dont j’ignorais l’existence.
L’impression de « n’être jamais assez » résultait de mon besoin de validation.
Nous confondons amour et attachement.
L’un nourrit, l’autre affame.
Nous mélangeons lien et relation.
L’un connecte, l’autre enchaîne.
Nous prenons le sentiment pour de la dépendance.
L’un élève, l’autre étouffe.
Les papillons dans le ventre ne sont que les symptômes d’une anxiété profonde…
Un signal d’alarme que notre corps nous envoie, et que nous interprétons comme le signe d’une passion dévorante.
On se persuade que la personne est la bonne, simplement parce qu’elle nous a choisis.
Cette approbation externe devient plus importante que notre propre discernement.
Je me suis longtemps accroché à des relations vouées à l’échec.
En confondant intensité et connexion authentique.
J’ai cru que quelqu’un d’autre me permettrait d’oublier le vide que je portais en moi.
Je nourrissais secrètement l’espoir de trouver une partenaire qui me validerait socialement pour me faire entrer dans la norme.
Quelle erreur monumentale !
Dans ces ateliers, j’y ai côtoyé des personnes qui ont passé des décennies à construire sur du sable.
Nombre d’entre elles ont tenté de bâtir une relation sur des fondations instables.
Aujourd’hui, elles doivent réapprendre ce qu’elles auraient dû savoir, avant même de s’engager.
La thérapie m’a offert cette chance inestimable de déconstruire, avant de reconstruire.
Comprendre mes besoins, au lieu de chercher à les satisfaire auprès de quelqu’un d’autre.
Identifier mes limites avant qu’elles ne soient franchies.
Reconnaître mes déclencheurs émotionnels pour ne pas qu’ils me gouvernent.
Non, les relations toxiques ne sont pas des passages obligés.
La souffrance n’est pas le prix à payer pour mériter le bonheur.
Ces mensonges sont ancrés dans notre culture et nous maintiennent dans des cycles destructeurs.
Nous reproduisons ce que nous avons vu, ce que nous avons vécu, et ce que nous connaissons.
La renaissance commence par répondre à trois questions :
Quels sont mes besoins authentiques ?
Quelles sont mes limites non négociables ?
Quelles sont mes valeurs fondamentales ?
Ces interrogations, je me les pose chaque matin depuis deux ans.
Il faut regarder en face ses blessures.
Puis, il faut accepter sa part de responsabilité dans l’entretien et les répétitions de nos relations chaotiques.
À trente ans, je me tiens à la croisée des chemins.
Derrière moi, les échecs répétés pour tenter de correspondre à un modèle qui n’était pas le mien…
Devant moi, l’opportunité de créer ma définition du bonheur, de l’amour et de la réussite.
À présent, je découvre la joie de me choisir jour après jour, dans l’objectif de construire une relation saine avec la personne avec qui je passerai le restant de mes jours, moi.
Ma plus grande révélation durant ces deux ans de thérapie ?
On ne recherche pas un partenaire idéal…
On cherche à guérir des blessures que l’on n’a pas conscientisées.
Nous tentons de rejouer des scènes de notre enfance, en espérant y trouver un dénouement différent.
Nos attractions, nos répulsions, nos patterns relationnels sont liés à notre histoire personnelle.
Personne ne viendra te sauver.
Aucune relation ne pourra remplir ton vide intérieur.
C’est un travail personnel difficile, exigeant, long et douloureux.
Mais au final, il s’avère être libérateur.
Cette semaine, je te partagerai les enseignements de ma thérapie.
Je te parlerai de ces moments et de ces déclics où tout s’est éclairé.
J’aborderai les outils qui m’ont permis de briser les mécanismes d’auto-sabotage.
Si une seule personne de mon audience y trouve une résonance, si un seul de mes e-mails allume une étincelle de compréhension chez l’un ou l’une d’entre vous, alors mon témoignage aura eu un sens.
Au fond, nous recherchons tous la même chose.
Ce n’est pas tant l’amour parfait ou la personne d’une vie…
Mais la capacité à être pleinement soi-même : sans masque, ni armure.
Je commence à entrevoir cette possibilité.
Et c’est assurément, le plus beau cadeau que cette nouvelle décennie pouvait m’offrir.